Dans S.O.
Par Maxime Klein - This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.
Publié le 27/03/2021 à 17h23
Mis à jour le 27/03/2021 à 18h12
Vidéo. US Dax : demain, Olivier August jouera son 200ème match avec le club
Le troisième ligne va disputer ce dimanche son 200ème match avec l’US Dax, depuis un derby d’octobre 2006. Il revient sur les moments qui ont marqué près de quinze ans de carrière.
Depuis ses débuts en équipe première, un soir d’octobre 2006 à Mont-de-Marsan, Olivier August (35 ans) en a fait du chemin avec l’US Dax. Le troisième ligne (1,89 m, 95 kg) formé au club - il le quittera seulement de 7 à 11 ans pour jouer au basket puis en 2012-2013 pour évoluer une saison à Hagetmau (lire ci-contre) - va d’ailleurs disputer son 200e match avec les rouge et blanc, ce dimanche 28 mars, face à au leader de la Nationale, Nice (13 h 20). « J’ai tout connu ici, les montées, les descentes, la joie, la tristesse… Je n’aurais pas pu vivre mieux et prétendre aller jouer ailleurs. Je suis content de ce que j’ai fait ici. » L’occasion de revenir pour « Sud Ouest » sur les moments qui ont marqué sa carrière en rouge et blanc.
Son premier match en pro
« C’était à Mont-de-Marsan. On se souvient toujours de son premier match. Encore plus quand c’est un derby et encore plus quand on le remporte (21-24, le 14 octobre 2006, NDLR) car malheureusement, j’en ai plus souvent perdu que gagné. Ces matchs, avec toute cette ferveur qu’il y a autour, c’est quelque chose qu’on attend quand on est un pur produit dacquois. J’étais remplaçant, il y avait mon frère Guillaume titulaire et Benoît était venu nous voir jouer en tribune. C’est quelque chose qui marque énormément. »
Sa première titularisation
« Je me rappelle cette rencontre à Limoges (7 avril 2007). Ça fait partie des saisons où tu sais que tu gagnes tous les matchs, il ne peut rien t’arriver. C’était assez incroyable (victoire 34-62). C’était ma première titularisation à côté de Christophe Milhères. Quand tu es gosse, tu le connais forcément, international et champion de France avec le Biarritz Olympique. Une référence. »
Son meilleur souvenir
« Il y a la montée en Top 14 forcément, on avait passé une semaine à la fêter (il n’avait pas joué la finale Dax-La Rochelle, 22-16, en mai 2007, NDLR). Et il y a surtout le premier match de Top 14 ici face au Stade Toulousain. On a une mise au vert à l’hôtel, il y a une ferveur énorme dans la ville, la police qui t’escorte à moto jusqu’au stade alors que tu es à Dax, c’était assez exceptionnel. Je suis remplaçant, derrière Vincent Deniau, Pierre Caillet en 8 et Christophe Tournier, prévu hors groupe et qui supplée Mathieu Lièvremont finalement blessé. J’aurais pu passer titulaire mais j’avais quand même démarré sur le banc car je manquais d’expérience. Cela reste mon plus gros souvenir. Les premières années, c’était comme dans un rêve (phases finales, montée, Coupe d’Europe) et à 22 ans, tu te retrouves à affronter Servat, Kelleher ou Fritz, que tu regardais à la télé quelques années avant. J’ai eu la chance de jouer avec les frères Liévremont, avec Yves Pedrosa, Renaud Boyoud, Vincent Deniau, d’être entraîné par Marc Lièvremont. Des gens avec un palmarès incroyable et des coéquipiers formidables. Et il y avait toute cette effervescence dans la ville, qu’on n’a plus vraiment retrouvée après. Tu vis comme dans un rêve mais je suis vite redescendu sur terre car j’ai vécu une année blanche en 2008, après une opération de l’épaule à cause d’une instabilité. Cela m’a privé de la deuxième saison de Top 14. »
Son pire souvenir
« Il y a cette défaite à Narbonne, qui scelle notre descente en Fédérale 1 (47-20, le 3 mai 2015). C’était une énorme déception car c’était un gros gâchis. Comme durant de nombreuses années, on luttait pour le maintien, mais là, on avait le manque de chance de l’équipe qui descend. Ça se joue à un match ou deux perdus à quelques points, une pénalité qui ne passe pas, un en-avant à deux mètres de la ligne et tu te retrouves à batailler sur cet avant-dernier match à Narbonne, où c’est très compliqué de gagner. Tu perds et tu réalises que ça y est, c’est la fin. Avec la non-montée de Lille pour problèmes financiers, on a finalement été sauvé et il y a eu une intersaison mouvementée dans la famille (sourires, son frère Guillaume évoluant dans le Nord, NDLR). On a vécu plusieurs périodes de ce type-là, avec un gros flou sur l’avenir du club. Peu de gens savent à quel point c’est usant mentalement de vivre ça tous les ans. C’était très compliqué. »
Son plus mauvais match
« Je me souviens d’un derby… Je suis d’ici et forcément, ces matchs me parlaient plus qu’à d’autres. Je me mettais peut-être trop de pression sur ces matchs et là, j’avais été catastrophique. J’étais passé totalement à côté. Malheureusement, j’avais été plus spectateur qu’acteur sur cette rencontre (défaite 13-29 le 1er décembre 2017, NDLR). Sur ces matchs-là, où tout le monde t’attend et où tu es regardé, quand tu perds 40-0 à Mont-de-Marsan (le 11 mai 2014), c’est une honte. Tu n’as plus envie de rentrer chez toi et tu baisses la tête. Ça fait partie des grosses déceptions de ma carrière. »
Son premier capitanat
« Je m’en souviens bien, c’était sous l’ère Richard Dourthe, ici contre Perpignan (le 9 novembre 2014, photo ci-dessus, NDLR). C’est forcément une fierté car c’est valorisant d’avoir ce rôle dans une équipe. Cela veut dire qu’on te fait confiance et que tu as l’âme d’un leader. On ne met jamais quelqu’un capitaine par hasard, en piochant dans un chapeau. J’aime avoir des responsabilités et je les assume pleinement. Je suis quelqu’un qui gueule beaucoup, mais pas pour n’importe quoi, toujours de façon constructive. J’aime quand les choses sont dites et bien faites. Aujourd’hui, je réponds présent quand on me le demande mais avec la descente, un nouveau staff est arrivé et a changé de capitaine. On restait sur un échec, il y avait peut-être besoin d’un discours différent. »
Un cadre pour la touche
« J’aime avoir des responsabilités et cela fait un moment que je suis capitaine de touche. C’est quelque chose que j’apprécie. On joue tous pour nos qualités. Je sais que si je joue, c’est parce que j’ai la touche et le jeu aérien. Car je ne fais pas 115 kilos et je ne vais pas traverser le terrain. J’ai peut-être eu cette dextérité quand j’ai joué au basket, entre 7 et 11 ans, avant de revenir au rugby. Après sinon, c’est du boulot, rien n’arrive comme ça. Il y a beaucoup de travail vidéo, j’aime bien analyser ce que font les autres, le rapport de force sur la touche, les feintes pour piéger l’adversaire. C’est un jeu, c’est génial. Mon frère Guillaume était un spécialiste et quand je suis arrivé, ça a été compliqué, car il était très exigeant. Je me souviens en avoir bavé durant de nombreux entraînements car je n’arrivais pas à assimiler toutes les tactiques. Quand tu montes directement de Reichel en équipe première, il n’y a pas de demi-mesure. Mais c’est quelque chose que j’ai apprécié et que j’ai senti en moi. »
Des essais marquants
« Ah, je n’en ai pas aplati des centaines (11), ça c’est sûr (rires). Je ne cherche pas la reconnaissance des essais inscrits, même si les autres vont expliquer : « Il dit ça parce qu’il ne marque pas beaucoup (rires) ». J’aime bien faire marquer, comme cette passe après contact pour Beñat Auzqui contre Chambéry (le 6 mars dernier, NDLR). Après, il y a des essais qui te restent forcément, et que tu n’oublies pas. Notamment le premier, contre Narbonne (8 mai 2011). Je démarre remplaçant, je rentre et, sur un semblant de maul après une touche, je m’échappe tout seul pour aller marquer en coin. C’est un match qu’il fallait gagner pour se maintenir et on l’avait emporté de 60 points (60-17).
Je me souviens bien aussi d’un autre, ici contre Carcassonne (4 décembre 2011), sur une magnifique passe au pied de Richard Apanui, alors qu’on était mal en points (largement menée, l’USD arrachera le match nul 23-23, NDLR). Et puis, j’ai forcément en tête celui de Narbonne ici cette saison (le 27 février). Ça faisait six semaines que je n’avais pas joué et je n’avais que deux entraînements collectifs dans les jambes. Je ne savais pas où j’en étais et je marque. Après une touche et un groupé, ça s’ouvre devant moi et je plonge. Ce n’était pas le plus dur, mais il faisait vraiment du bien. »
La fratrie August
« J’ai eu la chance d’effectuer mes débuts avec mon frère Guillaume, ce fut un énorme plaisir de jouer avec lui. J’aurais aimé pouvoir le faire davantage mais il a dû partir. J’aurais aimé jouer avec Benoît, mais il évoluait à un niveau autre que le mien (rires). Ça ne me fait pas bizarre d’avoir mon frère comme président, car ma carrière est derrière et il n’y a pas l’appréhension du regard des autres. J’aurais bien aimé qu’il m’entraîne quand il en était question, mais il a basculé sur le poste de président. »
Retour en Fédérale 1, avec Dax
« Je me souviens de ce premier match contre Rennes ici. Ça te marque car c’est une nouvelle ère qui démarre, celle du monde amateur. Surtout que tu ne sais pas quand tu vas remonter. Tout le monde te dit : « On va construire quelque chose pour remonter dans les deux-trois ans », mais ça peut durer très longtemps. Tu affrontes des équipes que tu n’as pas jouées depuis tes années cadets (Tyrosse, Saint-Jean-de-Luz, Anglet), ça fait vraiment bizarre. Cette Nationale est une bouffée d’oxygène, avec un championnat resserré et des équipes qui visent la Pro D2. La place de Dax est là aujourd’hui et on travaille pour aller plus haut. »
Son 200e match avec l’USD
« J’aurais pu disputer plus de matchs mais en me retournant, je me dis que j’ai réalisé une belle petite carrière. Je suis content de ce que j’ai fait, d’avoir pu évoluer une année en Top 14 avec mon club de cœur. Maintenant j’espère bien terminer, refaire une petite saison si c’est possible et essayer de partir sur quelque chose d’un peu plus joyeux. Avec pourquoi pas une montée en Pro D2 ? »
Une saison à Hagetmau
« J’aurais préféré avoir une continuité à l’USD mais j’ai dû partir en 2011. Ce sont les aléas du monde pro, il fallait alléger l’effectif pour recruter en 3e ligne et malheureusement, c’est tombé sur moi. Ça a été une intersaison plus que difficile, j’ai mis énormément de temps à m’en remettre car on m’a annoncé très tardivement la décision de ne pas me garder. Ça s’est fait à la dernière minute avec Hagetmau (Fédérale 1) grâce à un super président, monsieur Dumartin, qui m’a fait venir alors que l’effectif était complet. J’ai passé des moments géniaux. C’était un autre rugby, celui de clocher que l’on a connu tout petit, où il n’y a pas la pression du résultat du monde pro qui te bouffe. Tu viens pour faire ce que tu aimes et profiter avec tes potes. Tu réapprends à vivre autrement. Dès février 2012, j’ai rencontré Richard Dourthe et je savais que j’allais revenir. Si je n’avais pas eu cette opportunité de retourner à l’USD et dans le monde pro, cela aurait été très difficile à vivre. En connaissant la suite, je peux dire que c’était une superbe opportunité pour retrouver les valeurs du rugby avec ces gars. Une vraie bouffée d’oxygène. »