L'article de sud ouest auquel fait allusion marcos
US DAX
SURVIVRE OU GRANDIR IL VA FALOIR CHOISIR
Julie L’Hostis This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.
I l y a tant à dire. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’évoquer l’US Dax et son histoire, plus on se rapproche des dernières saisons, plus les bouches se ferment, plus on chuchote jusqu’à carrément se taire. « C’est délicat pour moi d’en parler » ou encore « je ne voudrais pas passer pour un donneur de leçon » sont des formules utilisées par des anciens du club pour couper court à la conversation. Une méfiance qui en dit déjà beaucoup sur l’atmosphère pesante qui plane, mais qui n’empêche pas les amoureux du club de faire leur propre analyse
Voilà donc l’USD aux portes de sa troisième saison en Nationale et sa cinquième au niveau amateur. Pour présenter ce nouvel exercice et les nouveaux du staff (Jeff Dubois, Marc Dal Maso et Hervé Durquety), une soirée de présentation est organisée par le club, ce mercredi 3 août. Sur le carton d’invitation, on lit : « Philippe Jacquemain, président »… En avril dernier, Benoît August occupait encore le fauteuil. Que s’est-il passé ? On le saura peutêtre demain soir puisque le club n’a, pour l’instant, pas jugé utile de communiquer sur ce changement à la tête de son organigramme. Ces dernières saisons, beaucoup de questions sont restées sans réponses. Pourtant, du côté des supporteurs, l’espoir semble ne jamais s’éteindre
Difficile stabilité Cette difficulté à communiquer s’est vérifiée la saison dernière avec la longue absence d’explications, notamment aux joueurs, au moment de la prise de distance et finalement le départ de Jack Isaac. Qu’en est-il aujourd’hui de la situation d’Alex Tulou, recruté pour jouer et passer entraîneur au sein de l’USD, mais qui n’est pas dans le nouveau staff ? Et de celle d’Olivier August, qui n’a pas annoncé la fin de sa carrière mais n’apparaît pas dans l’effectif (lire par ailleurs) ? Alors qu’un nouveau cadre était promis au moment de la nomination de Benoît August, il y a trois ans, les choses semblent toujours aussi fragiles et instables. «L’objectif reste de ramener le club au niveau professionnel, de se donner les moyens de le remonter en Pro D2, de jouer des phases finales et de pérenniser nos équipes de jeunes », abondait-il encore en septembre 2021, en saison post-Covid. Énumérer ces objectifs, c’était finalement parler de ce qu’était l’USD il y a encore une dizaine d’années. Que s’est-il passé depuis ? Pas grand-chose. Comme si « le mode survie », image soufflée par un observateur du premier rang, avait été activé. Les saisons sont prises comme les matchs, les unes après les autres, sans projet clair, sans chemin tracé. Pour une supportrice abonnée depuis quarante ans, le constat est vertigineux : « En 2007, lors de la finale gagnée contre La Rochelle (22-16), on rate le wagon. Quand on voit où sont les Rochelais aujourd’hui… Ils n’ont cessé de grandir. Pour nous, ça a été plus compliqué. » À ce moment-là, l’affluence au stade était d’environ 7 000 personnes, Marc Lièvremont était entraîneur et Gilbert Ponteins président depuis 2002. Une forme d’élan pouvait en effet se créer mais le coach est appelé à prendre en main le XV de France. Le club descend après deux saisons en Top 14 et l’affluence tombe à 4 000. Deux mille personnes étaient alors abonnées, elles sont 628 en 2021, d’après les chiffres du club. Impossible réforme Impossible réforme L’USD se retrouve alors à tâtonner. Plusieurs managers et près de dix duos d’entraîneurs sont essayés, de fin 2007 à 2012. Jérôme Daret est rappelé en renfort en 2013 et est promu directeur sportif pour la saison 2015- 2016. Juste avant de laisser la place à Jean-Christophe Goussebaire à la présidence, voilà ce qu’admettait Alain Pécastaing au cours de la saison 2015 : « C’est la solution d’urgence (d’appeler Marc Dal Maso en renfort en cours de saison, NDLR), mais il faudra aussi réfléchir à l’avenir et rouvrir le chantier du club. » À la rentrée 2016, l’USD s’est maintenue deux fois « grâce » aux déboires financiers de Lille et Tarbes. Le travail de structuration de Jérôme Daret, du centre de formation à l’équipe première, est en cours mais en 2017, il est à son tour appelé à entraîner une équipe de France, celle du rugby à 7. Renaud Dulin prend sa succession au niveau de la formation jusqu’à un conflit interne qui abouti à un licenciement pour faute grave et un passage devant les prud’hommes pour le club. De son côté, Jean-Christophe Goussebaire a juste eu le temps de proposer son projet à ce qu’il y a finalement de plus stable à l’USD : les membres du conseil d’administration. Depuis environ trente ans, ils tiennent les cordons de la bourse et les rennes du club. Mais aucun accord n’est trouvé et la porte claque. «On ne peut plus fonctionner selon les vieilles méthodes, quand les bonnes volontés venaient combler le déficit en fin d’exercice […]. Les actionnaires et les partenaires qui investissent dans un club veulent que les choses soient claires. Cela impliquait de revoir en profondeur notre organisation. Mais on touche là à la nature de l’USD… », avait-il justifié dans nos colonnes. « La stagnation du club est évidente. Personne du noyau de dirigeants ne veut quitter le sommet, personne ne s’est occupé de prendre des gens formés pour occuper ces postes et nous sommes bloqués sur le passé. J’ai de l’admiration pour ceux qui continuent d’investir leur argent dans le club, mais après ? », s’interroge un suiveur assidu du club depuis Capbreton. « La Pro D2 sans Dax, ça serait comme les arènes sans corrida », murmurait-on aux abords de la Fontaine chaude. Cela fait maintenant cinq ans qu’elle joue sans elle mais que les arènes accueillent toujours des corridas, même en temps de pandémie, c’est dire. « L’arrivée de Jeff Dubois peut faire bouger les choses. Il est ancien joueur, meneur d’hommes et avec son expérience, il va peut-être parvenir à redonner une âme à ce club, parce que ce n’est pas une nouvelle tribune qui suffira », ose imaginer le Capbretonnais précité. Nous y sommes : l’espoir tant de fois déçu brûle toujours. À petit feu mais c’est peut-être ce qu’il reste de plus précieux à l’USD. « Si tous les joueurs y mettent leurs tripes, l’arrivée de Jeff Dubois peut donner un élan », complète la supportrice de longue date. Ça tombe bien, cinq ans ne seront pas de trop pour se projeter, gagner et essayer de grandir
En marge du lancement de cette nouvelle saison, la situation de deux membres du club interroge. À son arrivée la saison dernière, Alex Tulou avait annoncé venir pour jouer mais aussi pour passer ses diplômes d’entraîneur et les mettre en application. Or, après une grosse saison, la bascule dans le staff ne s’est pas faite comme prévu. Une incompatibilité avec Jeff Dubois aurait contraint le club à lui trouver un autre poste. « On m’a proposé les espoirs, les juniors puis les filles. Je n’ai rien contre ces équipes, que j’aurais pris plaisir à encadrer, mais ce n’était pas le deal de départ », affirme celui qui est désormais en discussion avec ses avocats pour trouver une issue favorable à la situation. De son côté, Olivier August est aussi absent des tablettes. Blessé à l’adducteur depuis mars, il avait fini la saison dans les tribunes. Le deuxième ligne de bientôt 37 ans, dont quinze au club, s’était tout de même fait opérer pour être disponible si le nouveau staff faisait appel à lui. Ce qui ne semble pas être le cas, au vu des annonces de la trêve estivale. Une proposition de reconversion lui avait été formulée. Où en sont les discussions ? Peut-être en saura-t-il plus ce soir