C’aurait dû être une joie intense de présenter le tournoi annuel que certains, peu avares de termes grandiloquents qualifient de NBA du rugby mondial, en raison de l’attraction planétaire dont il fait preuve. Oui, mais voilà, ce soir, à moins de quarante-huit heures du coup d’envoi donné par l’USD et le Stade Toulousain, le cœur n’y est pas. La fête qui s’annonçait a été gâchée, gâchée par l’incompétence et le crasseux manque d’éthique d’instances dirigeantes nationales vexées d’avoir vu filer sous leur nez « leur » coupe du Monde, par l’irrespect le plus absolu dont a eu à pâtir l’Union Sportive Dacquoise, petit club parmi les petits, mais désireux de monter un projet durable au plus haut niveau dans le respect de certaines valeurs qui semblent anachroniques aujourd’hui dans le marigot du professionnalisme, et qui, injure suprême, a l’outrecuidance, comme le FC Auscitain ou le SC Albigeois de demander à exister là où le puissant SU Agen, ou les richissimes Toulonnais et Parisiens du Métro-Racing n’ont pas su être. La persistance des articles sur l’USD dans les pages ProD2 du torche-cul régional, et les propos de l’inepte futur ex-président du Grand Bordel Fédéral précisant que le choix de Marc Liévremont s’accommodait du « désir de ne pas nuire aux clubs du Top14 »- et l’USD, mon cher Monsieur, elle a accédé à la Fédérale 1 ?!!!- en sont des preuves criantes. La préparation avait déjà laissé des traces sur les corps, mais que penser des séquelles morales pour un groupe qui se voit privé d’un de ses entraineurs moins de deux jours avant la reprise ? Voilà l’USD contrainte de composer avec les éléments contraires en nommant à la tête de l’équipe fanion un triumvirat d’entraineurs dont deux vont débuter directement contre les ogres continentaux. Et quand on connait l’implication dont avait fait preuve Marc Liévremont dans le renouveau dacquois et dans sa persistance future dans l’élite nationale, comment cela se passera-t-il dans le futur ? Alors voilà, pour savonner la planche du retour des landais, pour saboter ce début de saison, pour mettre directement dans l’eau chaude les deux courageux qui ont rejoint JP Coyola, on n’aurait pas pu mieux s’y prendre. Et gageons que la Ligue, derrière des rodomontades de circonstance de son président, ne peut que se réjouir que ce coup porté à un petit ne soit une aide heureuse en vue de l’instauration d’un championnat des riches et des grands.

Je persiste à croire dans l’étoile de l’USD cette saison. Mais comment ne pas être inquiet pour ce groupe et son encadrement qui vont aborder cette saison dans le doute ? L’USD va avoir besoin de soutien cette saison, son équipe devra sentir qu’elle est accompagnée. La vacherie qu’elle vient de subir ne doit pas foutre en l’air un travail entamé qui a déjà porté ses fruits.

Ce soir, je devais faire un édito sur la saison qui s’avance, pour être parfaitement honnête, je m’en fous comme d’une guigne. Ce soir, j’ai vraiment mal au cœur. J’ai mal au cœur de savoir que ce sport que j’aime depuis plus de trois décennies, qui se targuait de représenter des valeurs morales uniques, est devenu par la force du professionnalisme, de l’affairisme, des luttes intestines pour le pouvoir, des manigances et des compromissions un sport aussi vide de sens moral que le football professionnel. Ce soir, la seule chose qui m’occupe et me préoccupe, c’est le devenir de ce club rouge et blanc, des gens qui se battent pour le faire progresser, du Président à l’encadrement, et la saison des gars qui vont suer sang et eau à partir de vendredi et qui méritent notre soutien.