Dans ce qui s’annonce comme l’épilogue d’un triste feuilleton, qui prêterait plus à rire qu’à pleurer, d’ailleurs, si on n’en était qu’un neutre spectateur, la légitimité des uns ou des autres dans le rugby professionnel ne peut que prêter à débat. Oui, mais voilà…
Voilà que l’USD se trouve, et NOUS avec, à son corps défendant, au milieu d’un maelstrom de salades sportivo-économico-politiques qui n’ont que peu à voir avec une quelconque éthique que l’on nous a présenté depuis des décennies comme le fondement même de ce sport, pour ne pas dire de cette culture. Or, à la lumière de ces dernières semaines, ce « sport de voyous joué par des gentlemen » est il en train de « virer au jeu de ballon arbitré par des pourris en col blanc » ?
Je ne reviendrai pas sur la tragicomédie basco-gasconne qui s’est terminée il y a quelques jours après avoir tenu en haleine le microcosme, et après avoir posé la question du rapport de force désormais instauré entre l’identité et le patrimoine d’un côté, et les intérêts économiques et financiers de l’autre, et qui ne manquera pas de ressurgir un jour. Ben oui, mon bon Monsieur, on est à l’ère du professionnalisme, que voulez-vous ? Il faut s’y faire.
Cette ère nouvelle, sensée effacer et nous faire oublier l’époque d’un professionnalisme marron qui ne disait pas son nom, l’époque des suspicions de collusion et de petits arrangements, n’a en fait été que l’amplification des pratiques nauséabondes d’autrefois, dès que des pros de la magouille, de l’affairisme et du fric-d’abord on foutu leurs sales pattes sur ce qu’ils on deviné être une nouvelle poule aux œufs d’or, un nouvel Eldorado à ratisser. Et dans cette évolution, qui, après tout, n’est que le reflet de ce qu’est devenue la société, un nouvel avatar a surgi : Le LMR.
Dans ce nouveau merdier dans lequel l’USD s’est involontairement fourrée (On se demande si il n’aurait pas mieux fallu finir dernier pour avoir la paix…), voilà t-y pas que s’affrontent deux légitimités sur lesquelles on peut ergoter ad aeternam :
- L’USD n’a aucune légitimité sportive à persister dans ce qui risque de toute façon d’être un gigantesque piège à con si par cas elle était maintenue en ProD2, mais elle a une légitimité économique au vu d’un règlement qui vaut ce qu’il vaut, mais qui est écrit, et qui a été dicté par la volonté d’éviter le n’importe-quoi économique.
- En face, le Lille Métropole Rugby, ex-club universitaire devenu entité régionale, un peu comme le LOU dans son quartier, peut faire valoir une légitimité sportive à monter d’un cran, mais se heurte à des problèmes financiers qui auraient valu à n’importe quel autre club moins bien placé d’être recalé sine die.
Un de ces droits à la ProD2 a-t-il préemption sur l’autre ? Moralement, surement pas, si ce n’est que celui de l’USD s’appuie sur un règlement, quand celui des Flamands, en dépit de leur réussite terrain va à son encontre. Ce ne sont pas les dacquois, ni une éventuelle clique gasconne, qui ont rédigé ce règlement. Que je sache, ce n’est pas un landais qui dirige la LNR, pas plus que la FFR, et encore moins la DNACG.
Oui, mais voilà. Lille, c’est une « métropole », c’est une ville nichée au cœur de l’Europe que les édiles locaux voudraient voir devenir un point central dans l’ouest de l’UE, entre Paris, Londres et Bruxelles. Lille, c’est gros marché économique potentiel pour les assoifés de pognon du rugby national, dans une terre à laquelle nul n’aura le droit de nier l’intérêt pour le rugby quand on se rappelle qu’il y a quelques décennies, le club voisin d’Arras a lutté pour sa place dans l’élite d’alors. Et puis le LMR bénéficie de soutiens. Les messages de sympathie ont afflué de partout, de médias, de clubs faisant la pluie et le beau temps aujourd’hui, de joueurs internationaux ou ex-internationaux, de l’université du Medef, récemment.
En face, l’USD (et nous avec) n’a reçu aucun soutien mais d’incroyables bordées de quolibets et d’injures, nous traitant une fois de plus de mafieux, comme aux plus « beaux » jours de la gabegie économique albigeoise. L’USD, ce n’est plus le club des Culs Rouges de la Cité Thermale, c’est le mouton noir du rugby pro français, Pas celui qu’il faut forcément abattre (Sauf pour quelques intégristes montois…), il a été assez grand pour s’autodétruire tout seul, mais celui qu’il ne faut surtout pas récupérer. Vous vous rendez compte ? C’est quoi, Dax ? Une ville de fantômes plus ou moins décatis et arthrosiques en peignoirs, une bodega XXL pendant une semaine chaque mois d’août, et un nœud ferroviaire entre Compostelle et Lourdes. Rien à gagner, ici, au milieu des pins, et en plus le marché est saturé avec les siamois basques, les prétentieux béarnais, et les voisins haineux. Alors à la poubelle, l’USD! Allez voir chez les amateurs si vous arriverez à encore plus vider votre stade décrépi que vous ne l’avez fait ces dernières années !
Et dans ce conflit d’intérêts qui vont bien au-delà du sportif, voilà que la DNACG nous joue un ultime tour de cochon. Laissant le LMR jouer avec toutes les ficelles et les arcanes des appels, conformément au règlement cette fois, jouer la montre jusqu’au dernier moment, la voilà qui modifie les règles en reportant sa décision au 16 juillet, alors que ses statuts préconisent qu’elle aurait due l’être le 10. Et pendant ce temps là, le club mendiant du Nord en profite pour prolonger sa quête financière de 5 jours ! Foutre Dieu ! Qu’est-ce que ça signifie ? Pourquoi le LMR prolonge-t-il son appel aux dons de 5 jours quand il a eu 2 semaines pour le faire ? Il manque des picaillons ? Alors l’inique institution lui donne 50% de temps en plus pour racler les fonds de tiroir d’une région déjà pas flambante économiquement. C’est à pleurer.
C’est à pleurer, certes, mais peut on être surpris, dans un pays ou le financement d’un parti politique débouche sur nombre d’affaires, où des ministres et conseillers se retrouvent pris la main dans le pot de confiture suisse par les polyvalents, où les élections, de la plus petite, communale, à la plus grande comme un référendum européen, en passant par celles de ce même parti politique sus-cité sont bafouées. Alors comment alors ne pas être quelque part blasé, quand un nobliau local fait revoter sa section amateur, ou qu’un club économiquement bancal et dans le rouge fait valoir des droits auxquels il n’a pas droit. Ils ne font après-tout que reproduire des schémas détestables observés à différents échelons décisionnaires du pays.